JE SUIS UNE NOMADE

En Septembre 2022, je changeais radicalement mon mode de vie. Je disais au revoir aux aller-retours au travail, au confort de mon appartement, mais aussi à mes ami.e.s et famille. J’allais devenir nomade et entrer dans la vie en itinérance des voyageurs. Cette nouvelle façon de vivre s’imposait à moi sur du moyen-long terme : le nomadisme. 

LE NOMADISME, qu'est ce que c'est ?

Le nomadisme est un mode de vie qui a toujours existé. Autrefois, les peuples se déplaçaient principalement pour subvenir à leurs besoins alimentaires. Être nomade, ce n’était pas seulement bouger en fonction des conditions climatiques, faire migrer le bétail pour un meilleur pâturage ou encore faire du commerce afin de varier leurs biens. C’était et ça perdure être un état d’espritEn effet, la notion de propriété personnelle est bien différente de ce qu’on connait dans notre monde actuel sédentarisé. Ces communautés ont un rapport particulier avec la nature et une grande notion de partage. Ils s’entraident les uns les autres car ils ont peu de choses matérielles. Ils doivent emmener uniquement les affaires nécessaires sous peine que tout ne puisse être transporté. Le mot nomadisme rime donc avec minimalisme. 

Aujourd’hui, je choisis d’être sur les routes du monde, en itinérance, sans habitat fixe. Ce mode de vie n’est pas du tout définitif. Mon style de vie est comme cela à l’heure actuelle mais ça ne signifie pas qu’il sera similaire demain. C’est aussi ça le nomadisme : avoir la possibilité de revenir à une vie plus sédentaire si le besoin se fait ressentir, et ce même à l’autre bout du monde ! En ce moment, je suis en Australie dans un endroit fixe pour plusieurs mois, car être sur les routes est très énergivore. Je crée à nouveau des repères et une routine pour quelques temps afin de recharger mes batteries. D’ailleurs je reviens en France pour quelques mois pour les fêtes de fin d’années, c’est l’occasion de faire une pause pour un nouveau projet de voyage encore plus grand en juillet 2025 !

Les difficultés ?

La distance avec mes proches

A ce jour, le principal inconvénient à ce mode de vie c’est la distance me séparant de ma famille, de mes ami.e.s. Parfois, je donnerai beaucoup pour aller manger des gaufres un dimanche midi avec toute ma famille, faire un week-end avec mes meilleures amies à se raconter nos vies, ou encore être là physiquement pour certains évènements marquants de la vie de mes proches. Ce n’est pas simple d’être absente. Et même si l’ère actuelle nous facilite grandement la vie avec des appels vidéos possibles et des échanges de photos quotidiennes, un bon câlin de celles.eux qu’on aime, c’est irremplaçable ! Il faut donc être prêt.e.s à être à plusieurs centaines voir milliers de kilomètres de ces personnes qui nous manquent tant, même si, je crois, je ne le serai jamais vraiment.

Les relations sociales éphémères

« Créer du lien qui dure », olala que c’est dur ! En voyage, je rencontre beaucoup de nouvelles personnes, je tisse des liens forts avec elles.eux mais ils sont éphémères. Les relations sont extrêmement intenses depuis que je suis nomade mais elles ne durent pas : de quelques secondes à plusieurs semaines. Puis, chacun.e reprend son chemin. C’est déchirant, ça me vaut toujours plusieurs larmes car une petite voix au fond de moi me dit « tu ne sais pas, la prochaine que tu les vois, si un jour, tu les revois ». Ma sensibilité est multipliée depuis que je côtoie ces relations intenses mais express. Même si je garde un contact digital avec ces gens, le temps nous éloigne. Heureusement, les souvenirs eux, restent et lorsque je retombe sur une photo d’un visage, je me replonge dans ces moments partagés, qui resteront à jamais gravés.

Le manque de repères

A cela, j’ajoute que le manque de repère peut être épuisant. Effectivement, depuis que je suis nomade, bien souvent, je n’ai aucune routine, aucun véritable « chez moi ». Et je me sens un peu perdue face à toutes les possibilités qu’il s’offre à moi. Paradoxe d’avoir trop de libertés, je me retrouve dans une situation inconfortable lorsque je dois prendre une décision. Face à l’inconnu, je suis souvent en hypervigilance. Il faut s’adapter quotidiennement à ces nouvelles choses qui s’offrent à nous. Mon cerveau bouillonne pour comprendre toutes ces nouvelles informations : il est en hyperstimulation et ça lui demande beaucoup d’énergie. Et, ce n’est pas évident de lui donner du carburant. Mon corps souffre parfois de manque de régularité : repas à des horaires anarchiques, activités sportives en dents de scie, sommeil ponctué de réveils nocturnes… Être en voyage, ce n’est pas être en repos ou en vacances.

Au fur et à mesure, j’apprends à créer mes propres repères pour m’adapter le mieux possible à ces changements.

Revenus financiers incertains

Et la gestion de l’argent ? Je ne suis ni digital nomade, ni rentière donc c’est un sacré défi de gérer un budget sans entrée d’argent régulière. Contrairement à ce que certain.e.s croient, je n’ai pas gagné au loto et je ne touche pas le chômage à l’étranger. Ceci implique de voyager avec un budget défini. Lorsque j’étais en France, dans une vie plus sédentaire, j’avais mon salaire d’infirmière qui tombait tous les mois et c’était sacrément confortable ! Aujourd’hui, je découvre le monde avec mes économies réalisées en France puis en Australie où j’alterne des périodes de travail et des moments de voyage. Gérer un budget, c’est une gymnastique complexe pour voyager sur le long terme. Je suis restée presque un an sans aucune entrée d’argent en Amérique du Sud alors, chaque euro dépensé était dépensé consciemment. En étant working holiday visa en Australie, je cherche du travail dans n’importe quel filière, juste pour renflouer mes comptes en banque. Je suis parfois frustrée de faire un job qui ne me plait guère, mes revenus financiers sont instables, mais j’apprends à jongler avec cette insécurité financière.

Les Avantages ?

La sensation de liberté

Dans mon cas, le fait être mouvement permanent depuis plus de 2 ans m’apporte un sentiment de liberté. J’ai la sensation de faire des choix en pleine conscience. Je suis également davantage flexible. Je choisis de travailler lorsque j’en ai envie (un peu besoin aussi avouons le), j’organise mes journées comme bon me semble. Du coup, je suis à l’écoute de mes besoins : si je suis très fatiguée, souvent, j’ai la possibilité de rester une journée à ne rien faire du tout ci ce n’est favoriser le repos. Au contraire, si j’ai envie d’aller me sociabiliser, je vais aller à la rencontre de l’autre dans des lieux fréquentés. En voyage, les contraintes sont différentes de celle d’une vie sédentaire et je les trouve plus acceptables. Je compose mieux avec celles d’avoir un horaire de bus à respecter plutôt que d’avoir les obligations sociétales que j’avais auparavant. Je tiens à préciser une chose extrêmement importante, cette liberté, je la chéris car je suis très entourée. Je peux me permettre d’être libre car quoi qu’il arrive, je possède une endroit ressource en France : chez mes parents. Je sais que là bas, j’ai un refuge, un toit où dormir et des personnes qui m’aiment. C’est un privilège que tout le monde n’a pas et je suis très reconnaissante de pouvoir avoir cet endroit sécure où je me sens toujours chez moi.

Découverte du monde

Depuis plus de 10 ans, je rêve de faire le tour du monde. Enfin, je rêvais même de vivre 1 an dans chaque pays du monde. Forcée de constater que mon espérance de vie sera de toute évidence pas suffisante, mon rêve est devenu : découvrir notre Terre et tout ce qui la compose. La vie de nomade est idéale pour prendre le temps. Je veux voyager lentement, en profitant de chaque instant sans avoir un chronomètre dans les mains. Du coup, le fait de n’avoir aucune attache matérielles, immobilières ou physiques en France me permet d’explorer les joyaux terrestres en diminuant ma charge mentale et mon cout financier. J’ai la possibilité de voyager sous différentes façon : vanlife, en auto-stop, à vélo, etc. Il y a une multitude de possibilités et économiquement, elles sont très intéressantes. C’est vrai que tu peux être en itinérance sur une période donnée et avoir un « chez toi » quand tu reviens et quand même découvrir le monde mais, ça peut faire grimper le budget ! Aller 2 semaines en Ecosse, revenir,  faire un road trip en Europe de 3 mois, revenir, etc, c’est un cout financier non négligeable. Pour l’instant, c’est ce style de vie qui me convient le mieux pour réaliser un de mes rêves.

Apprentissage de soi

Le voyage me permet d’apprendre à me connaitre, à savoir qui je suis et qui j’ai envie d’être. Je me confronte à des cultures étrangères, à des modes de vie uniques pour ouvrir mon regard sur celles.ceux qui nous entourent. Je me construis mon identité à travers tous ces sentiers traversés. Je suis plus débrouillarde qu’avant le périple, plus autonome et ma curiosité n’a plus de limites. Parfois, je me suis retrouvée en difficulté, dans des situations improbables et c’est un très bon moyen pour trouver les clés en soi afin d’apporter une solution. Je cherche, j’essaie, et je recommence si je n’y arrive pas. Il y a donc le dépassement de soi et puis, il y a les autres moments. Ceux qui font méditer, se re-concentrer sur ce que je veux (ou pas), ce qui m’attriste, ce qui font tout remettre en question : les longs trajets en bus, les étapes de plusieurs heures de marches en treks, les levers de soleil face à la mer. Et c’est justement dans ces moments précieux que je continue de m’enrichir, de me dépasser, et que je suis mon apprentissage de la vie, de moi-même.

A la découverte d'un mode de vie qui me ressemble